Mystère et démocratie

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La nature garde bien ses secrets sous l’assaut de l’homme et de ses sciences. Sapiens veut tout savoir, tout nommer, tout utiliser. Il ne se contente pas de son ignorance et doit savoir au risque de disparaître. Lorsqu’il ne comprend pas, il émet des hypothèses et invente des mythologies et des légendes, voit des dieux, des ogres et des lutins, rêve pour combler le vide de son ignorance insupportable.  On disait autrefois que les hirondelles disparaissaient à la  fin de l’été pour s’enfoncer dans les vases des marais…

 Pour le cèpe, ni animal ni végétal, on invoque la lune noire, les astres, la pluie et le vent. Méconnu, désiré et indompté, l’homme tente de le domestiquer et le faire naître où il veut et quand  il veut. Alors, la nature part d’un grand éclat de rire et ajoute:  Ignorants ! N’y pensez même pas !... A travers le cèpe, la nature nous jette à la figure notre lot de lacunes.

 

 

 

 

 

 

 

Symbole de la vie régénérée à partir du pourrissement  et de la décomposition des corps, quels qu’ils soient, les champignons pour beaucoup, ont à voir avec la mort. D’autant que certains peuvent vous faire passer de vie à trépas en un clin d’omelette. Et le cèpe vit dans la pénombre des bois, ce qui en rajoute à ses mystères.

Cadeau de l’évolution ralentie, raffiné comme le caviar, la pibale ou la truffe, le cèpe,  lui s’offre à tout ceux qui souhaitent le débusquer, paysans, citadins, ouvriers ou petits fonctionnaires, grands avocats, en vrai démocrate.