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La famille Lucine, 100 ans de chasse et de pêche au Cap-Ferret

                                                   Seasons 52 minutes 2006

Le Cap-ferret est né il y  a  environ 150 ans. Son histoire est affleurante comme le sable sous le tapis brun d’aiguilles de pin. Son histoire est jeune et pourtant les témoins de  cette époque où le Cap-Ferret était une  terre sauvage, sont en train de disparaître. 

La chasse et la pêche sont à l’origine de cette histoire, de ce cap de sable,  terre promise et d’abondance, sorte de far-west à la limite maritime de la Gascogne. 

     note d'intention

 

J’aurais voulu naître il y a 100 ans. J’aurais vécu au Cap-Ferret, de chasse et de cueillette en hiver et de pêche en été. Le Cap-Ferret était un paradis aujourd’hui en grande partie perdu,  autrefois pays d’abondance en dehors de tout matérialisme.  Voici une pensée qui me harcèle.  

 

Les gens du pays avait une dimension particulière, une supériorité due à la force musculaire que nous, les Bordelais, voulions bien leur attribuer. Ce qui me frappait chez eux, était la taille de leurs avant-bras et cette faculté de se réveiller à n’importe quelle heure de la nuit pour se coltiner à  la mer  et côtoyer le ciel étoilé. 

Mais  plus encore, cette mystification provenait de leur formidable capacité à lire, à utiliser le bassin d’Arcachon, à voir des choses que nous ne voyons pas, même si nous étions nous-mêmes très habitués au pays. Il émanait de cela une sorte de respect, sachant que dans tous les cas ils seraient plus forts, meilleurs chasseurs, meilleurs pêcheurs, puisant peut-être  leurs compétences dans leur ADN imprégné des lieux. 

 

Et puis alors que je grandissais, m’éloignant au contraire vers Paris et d’autres villes plus lointaines, toujours je revenais dès que je le  pouvais, m’asseyant seul sur un perret en bois au bord de la lugue, puisant ici la force nécessaire pour affronter mon travail, me régénérant au parfum des dunes. 

 

Et le Cap-Ferret changeait, lentement mais sûrement. Les chemins d’huîtres pilées laissaient place à toujours plus de macadam, les trottoirs jadis anarchie de sable et d’herbes folles, se civilisaient, s’autobloquaient. Le paysage sonore s’encombrait de nuisances des estivants chaque été plus nombreux, vrombissements de bateaux-fusées, échappements obscènes de jet-ski  pilotés par des hommes-néoprène.

‘’On ne peut pas empêcher le progrès! On ne peut pas interdire aux gens de venir!‘’ dit le rang des innombrables résignés, démocrates.  

Moi j’aurai  créé un état dans l’état, en l’état. Pour que rien ne change, une sorte de république avec monnaie frappée, une presqu’île hors-la-loi-française. J’aurais instauré la croissance zéro et la contre-mise aux normes, augmentant tous les mois les primes du garde-chasse pour ses captures de touristes clandestins, campeurs sauvages et  de promoteurs en quête de défigurations.

Idées enfantines, égoïste utopie!....

 

 

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